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La rondelle de douglas du pavillon Nanquette
17 février 2025Un échantillon remarquable de Pseudotsuga menziesii, qui en 2009 a fêté ses 700 ans !
L’arbre dont j’ai été extraite est né quelque part dans l’Ouest du Canada quelques années avant 1309, date qui repère ma partie centrale, premier cerne formé au niveau de mon prélèvement, comportant la moelle et ses formations primaires entourées des premiers éléments secondaires issus de l’assise libéro-ligneuse, qui s’est mise en place, à ce niveau, au cours de cette année 1309. Au moment de l’abattage de l’arbre en 1876, je comportais donc 568 cernes, ou accroissements annuels sur le rayon. (Évidemment, ce nombre n’a pas changé depuis cette date !). Façonnée, je fus transportée en Europe, probablement pour figurer à l’Exposition universelle à Paris en 1878, puis entreposée à ce qui était à l’époque l’École nationale des Eaux et Forêts, dans le pavillon de Mahy aujourd’hui détruit, qui était à l’emplacement de l’actuelle résidence des élèves. Dans le langage courant, l’essence forestière dont je suis issue est généralement appelée« douglas » mais on l’appelle parfois « sapin de douglas », quand cette essence a crû en Europe, ou encore « sapin d’Orégon », quand elle est importée des peuplements naturels d’Amérique du Nord. Et pourtant, je ne viens ni d’un sapin, ni d’un pin, ni même d’un tsuga, comme le précise le nom du genre auquel j’appartiens : Pseudotsuga, c’est-à-dire « faux tsuga » ou « ressemblant au tsuga », tsuga étant un nom d’origine japonaise.
Pour simplifier encore un peu plus, mon nom courant « douglas » rappelle la mémoire de David Douglas (1799 - 1834), l’un des botanistes qui m’a décrite, d’où mon ancien nom scientifique Pseudotsuga douglasii Carrière (1867), mais mon nom scientifique valide est Pseudotsuga menziesii (Mirb.) Franco (1950), qui, selon la règle de l’antériorité, me dédie définitivement à Archibald Menzies (1754 - 1842) qui découvrit dans l’île de Vancouver en 1791 l’espèce à laquelle j’appartiens.
Exotique introduit en Europe au XIXe siècle, j’y ai connu un grand succès en raison de mes performances de croissance et de la qualité de mon bois. Je constitue actuellement la deuxième essence résineuse en France, après le pin maritime, avec un potentiel de production qui atteindra prochainement quatre à cinq millions millions de mètres cubes, à partir d’environ 300 000 hectares dont l’essentiel fut planté après 1945.
Sept centième anniversaire : Qu'est ce que cela signifie pour cet échantillon ?
Cette rondelle faisant environ 8 m de circonférence pour 701 vagues de croissance (cernes annuels), cela représente un accroissement moyen annuel sur le rayon d’environ 3,7mm. Nous ne disposons pas (ou plus) des éléments qui nous permettraient de situer le lieu où a crû cet arbre, de connaître l’emplacement du prélèvement de cette rondelle à la hauteur h, dans l’arbre par rapport au sol, de déterminer l’âge exact de l’arbre au moment où il a été abattu. Cet âge est égal au nombre de cernes comptés sur la rondelle, diminué de 1 et augmenté du nombre n d’années nécessaires pour que la jeune tige après germination ait atteint la hauteur hn dans l’arbre.
Françoise Huber et René Keller (avril 2009)
AgroParisTech - ENGREF - Campus de Nancy